Les Stuckists

établi 1999 

Une lettre ouverte à Sir Nicholas Serota

A l'approche de l'ouverture du Bankside Tate nouveau, Billy Childish et Charles Thomson, co-fondateurs du groupe anti-Brit Art et pro-la peinture, Les Stuckists, critiques à l'égard de la direction de Sir Nicholas Serota de la Galerie Tate existante - y compris l'achat à £700,000 de trente-et-un blocs de basalte (art par Joseph Beuys) - s'adressent à quelques questions pertinentes en ce qui concerne sa politique future sur le plan d'achats et d'expositions.

Choc du Nouveau ou Bâillement face à l'Evident?

Tout pauvre qui visite l'art contemporain pour chercher de la vision, de la vérité ou simplement une route en avant, va se trouver très, très déçu.

Le Post Modernisme, notre «avant-garde officielle» est une machine de marketing cool et rusée où l'ingéniosité et le cynisme d'un art qui ne traite que soi-même, éviscèrent l'émotion, la matière, la conviction. Jamais un mouvement, qui se proclame être en tête, n'a-t-il été si dépassé par les voeux et les concernes de la société à laquelle il se considère supérieur

Depuis les années soixantes, il y a un changement de paradigme vers la décentralisation, la spiritualité, un respect nouveau pour la loi naturelle. L'introversion fébrile du Post Modernisme n'a même pas remarqué arriver ce changement et à la place continue à colporter de la superficialité et de l'ironie dans sa tentative bête de sembler dangereux et à la mode. Les gens ne veulent pas de hypermarchés , ils ne veulent pas d'alimentation OGM, ils ne veulent pas d'art conceptuel.

L'idiotie du Post Modernisme, c'est sa prétention d'être au sommet de l'histoire de l'art - pendant qu'il nie au même temps les valeurs qui justifient l'existence originelle de l'art. Il prétend s'adresser aux sujets significatifs mais en fait il n'a aucun sens ni aucune existence au-delà de la conversation alambiquée qu'il tient avec soi-même. La valeur de l'art vient du niveau de la vision et de la pénétration de l'artiste. Ceci est un processus qui s'approfondit continuellement. La priorité de l'Artiste Brit, par contre, semble être l'entretien de ses lauriers publicitaires dans la marmaille de Brit Art. Ce niveau de conscience on voit reflété dans la caractère superficielle, paresseuse, truquée de son oeuvre.

La création de l'art bien informe la plupart de son sens. L'art ni payé ni fait par expérience n'a pas de sens. En 1915 la blague Dadaiste était urgente et épatante: comme expression de l'ironie Post Moderne elle est ennuyeuse d'une façon incroyable. S'il y a aucune innovation et vision dans le Post Modernisme, c'est sur le terrain du marketing de l'art.

Dieu est mort sur le champs de l'art occidental à un moment donné au cours de la Première Guerre Mondiale, et, bien que c'était très amusant de le renverser de ses grands chevaux, regarder le botter par terre la marmaille artistique d'aujourd'hui est d'une certaine façon moins amusant (surtout quand leurs principaux, comme marchands de voitures d'occasion hautes de gamme, se tiennent à l'ombre, en uniforme Gucci, en cliquant leurs calculatrices et en chuchotant dans leurs téléphones cellulaires vulgaires). Le travail qu'ils avancent, ces maître-marionnettistes, nous classons comme «l'art d'accident de voiture». Car les spectateurs qu'il séduit sont ceux attirés par la curiosité morbide.

Les fondateurs de Dadaisme regretteraient le conformisme et la manque de courage montrés par ces prétendants d'aujourd'hui. On ne peut pas s'empêcher d'avoir le sentiment que le sensationalisme insipide de Saatchi forcerait Duchamp à souhaiter qu'il n'avait jamais exposé son urinal et qu'il était devenu plutôt aquarelliste.

Les objets ennuyeux et les assemblages stéréotypés des dernières «vedettes de l'art» salissent les planchers de nos galeries en concurrence pour nous ennuyer avec leur évidence profonde. Cependant, font-ils de la gymnastique intellectuelle les critiques pour dire quelque chose au sujet des choses dont il n'y a rien à dire parce qu'elles sont au sujet de rien.

Il faut faire remarquer qu'un objet quotidien cf. un lit, dans son environnement normal c.-à-d. une chambre, doit rester toujours seulement un lit même si l'on l'étalait dans la vitrine d'un grand magasin ou le jetait dans un canal. En plus nous déclarons que le lit malheureux ne resterait moins - mais ne plus- qu'un lit si l'on le pendait du sommet de la Tour Eiffel ou qu'il atterissait n'importe comment sur la Lune. Il semble que le lit indiqué ci-dessus cesse d'être seulement un lit quand on le met dans l'espace «contextuel» d'une galerie. Nous déduisons que c'est le propriétaire de la galerie que l'on devrait féliciter pour cette métamorphose prodigieuse. Dans le monde artistique de nos jours c'est lui, le galeriste, qui exécute la transformation miraculeuse du banal en oeuvre de génie!

Considérons maintenant ce qui arrive à un tel objet dans cette situation malheureuse, en prenant peut-être «l'artification» d'une brique au lieu d'un lit à titre de variété. Dans son ancienne vie la brique n'avait point de sens - seulement une existence et une fonction potentielle (le plus utilement comme partie d'un mur). Maintenant qu'il n'est plus qu'une brique mais une oeuvre d'art, et puisque l'art par définition est une activité de sens, il faut trouver quelque sens. Un curateur d'interprétation apparaît à la télévision nationale et prononce que la brique est symbole de la manière désavantagée dont il a été élevé, l'artiste, à Birmingham. Un critique éminent pourrait la voir également aussi comme dialectique sur le feminisme. Un visiteur à la galerie, à son tour, pourrait l'apercevoir comme raffinement minimaliste du rectangle célèbre de Carl André.

A vrai dire, puisque la brique est «au sujet de» rien, elle peut être au sujet de n'importe quoi. Ceci rend complètement superflu l'objet d'art spécial, puisque l'on peut arriver aussi facilement au même processus imaginatif en ouvrant ses yeux dans n'importe quel environnement et en fixant sur le premier objet en vue - la progression logique d'art en vie aura été entièrement réalisée et la nécessité pour l'art complètement éteinte. Bien fait!

Ceci montre non seulement l'absurdité d'une école qui souscrit à ces pratiques mais aussi l'erreur logique de «progrès» continu dans une histoire d'art linéaire. Loin d'être le pinacle d'accomplissement, le Brit Art est moins diligent, profond, significatif que l'exposition moyenne d'une société régionale d'art amateur.

La peinture avec sa transformation d'expérience intérieure en images accessibles et reconnaissables, a une profondeur de résonance et de mystère qui est aussi essentielle à la psyché humaine que sont-elles au corps humain de la nourriture et de l'eau.

Le pigment est intégral à l'expression individuelle de l'homme. La peinture des tableaux dure depuis les caves de Lascaux. Elle nous mène à une confrontation immédiate, une reconnaissance, un engagement émotionnel avec nos potentiels et nos limitations. Ce n'est qu'en osant communiquer avec cette honnêteté que nous rencontrons nos vrais mois.

Une peinture par Delacroix, une aquarelle d'une classe d'éducation adulte ou un dessin par un enfant, ils s'identifiéront toujours comme art, même si l'on les trouve jetés dans la rue. Nous appelons ceci le «isme de ce qu'elle est des choses».

N'importe son contexte une peinture reste une peinture. D'une façon pareille un réquin mort reste juste un poisson sans vie, n'importe son contexte. Et n'importe combien ils le paient aujourd'hui les naïfs, le Post Modernisme est destiné pour la poubelle, pendant que la création des tableaux sera toujours au centre de la connaissance de l'humanité et sa compréhension de soi-même.

Billy Childish et Charles Thomson

26.2.2000

This translation (c) James Armstrong 2005

 

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